Certains événements marquants de l’histoire en font des périodes philatéliques recherchées grâce à ces inventions pour communiquer et transporter du courrier. Dans cet article, nos experts vous disent tous sur l’histoire des ballons montés et leur valeur sur le marché du timbre.
En à peine quelques mois, durant le siège de Paris, en 1870, il y a une abondance de courriers transportés par ballons montés qui aujourd’hui sont désignés comme « correspondances transportées par ballons montés » ou « ballons montés » et forment des collections à part entière pour les philatélistes de poste aérienne.
L’histoire des ballons montés et de la Poste aérienne
En 1870, Paris est coupée du reste du territoire Français, encerclée par l’armée Prusse. Trouver une solution pour rétablir la communication avec le monde extérieur devient donc impératif. Le seul moyen serait d’expédier du courrier par voie poste aérienne car les voies terrestres sont inaccessibles et ne peuvent plus être empruntées.
A l’époque, le célèbre ingénieur- photographe Gaspard-Felix Tournachon plus connu sous le nom de Nadar crée « La Compagnie des Aérostiers Militaires ». Il s’agit de construire des ballons militaires à disposition des forces gouvernementales. Ce système consiste à garder les ballons captifs, attachés au sol, pour pouvoir observer l’ennemi. Le concept de communication postale par voie poste aérienne voit alors le jour et naît l’idée d’utiliser les ballons montés pour expédier du courrier hors de Paris.
Germain Rampont, le Directeur Général des Postes, se charge donc de l’organisation de la communication à l’extérieur de Paris. Toute une organisation se met en place et un campement s’installe place Saint-Pierre au pied de la butte Montmartre à Paris: ici naît la poste aérienne du siège.
Ces ballons à gaz avec nacelle permettraient de transporter du courrier civil et militaire mais aussi des passagers ainsi que des pigeons voyageurs pour permettre de communiquer dans les deux sens. On appelle cela le pigeongramme. Mais ce nouveau moyen de transport de courrier ne reste pas sans risques les ballons étant gonflés au gaz d’éclairage hautement inflammable.
La première victoire des ballons montés remonte à Septembre 1870, lorsque « Le Neptune » embarque à son bord 125kg de journaux, lettres et dépêches officielles, c’est la première fois que le courrier franchit les lignes ennemies et arrive à destination.
Officiellement, on annoncera la naissance de la poste aérienne le 27 septembre 1870, où deux décrets autorisent l’expédition du courrier par voie d’aérostats. Il faudra alors mettre en place des procédés particuliers pour l’envoi de courrier via ballons montés.
L’Administration des Postes impose alors du papier très fin, appelé papier pelure car la lettre ne doit pas dépasser 4 grammes. De plus, la lettre devra être pliée en la cachetant pour ne pas utiliser d’enveloppe.
Pour la construction des ballons montés, les opérations sont prises en main par le Directeur des Postes Germain Rampont. Les ballons doivent faire 2000 mètres cube, être en percaline à l’huile de lin avec une nacelle en osier de 1m30 de largeur et de 1m50 de hauteur. Les sacs postaux, sacs de lest et les cages des pigeons voyageurs sont suspendus à l’extérieur.
La plus grosse difficulté du voyage via ballons montés se trouve dans le fait de ne pas pouvoir diriger ces ballons montés, qui suivent la direction des vents ; le processus d’envoi de courriers par ballons montés est alors une opération périlleuse et on comptera un grand nombre d’échecs dans les expéditions via ballons montés, nombreux d’entre eux se feront ainsi capturés par l’ennemi.
Malgré ces tentatives d’expéditions postales échouées, cette innovation postale est une grande réussite et chaque ballon monté est utilisé à différentes missions. Sur la quasi-totalité des vols on transporte du courrier en quantité abondante ainsi que des pigeons voyageurs.
Ces expéditions de ballons montés sont pour la plupart des réussites compte tenu des conditions actuelles: ville assiégée, pilotes inexpérimentés, vols de nuit… On ne trouvera aucune défaillance sur les ballons montés et les accidents seront souvent dus aux atterrissages.
Pour riposter, les allemands vont alors se servir de mousquets anti-ballons, spécialement construits pour détruire ces ballons montés. Ce sont les premiers canons anti-aériens, qui s’avèreront peu efficace face à la haute altitude que prennent les ballons montés. Pour éviter la détection des ballons montés par l’ennemi, les départs d’expéditions se font alors de nuit rajoutant un risque supplémentaire car il est alors impossible de connaître la direction prise par le ballon monté.
Comment reconnaître ces correspondances par ballons montés?
Impérativement, la lettre envoyée doit être au départ de Paris. Ensuite, une indication sur la date de départ doit obligatoirement se situer entre le 23 septembre 1870 et le 28 janvier 1871, période durant laquelle Paris fut assiégée. Parfois, le contenu de la lettre peut confirmer la date. Le plus souvent, le pli postal portera la mention « par ballon monté » imprimée ou manuscrite.
Ensuite, il s’agira de trouver des indices sur le ballon monté ayant transporté les lettres en question. Le meilleur moyen est donc de relever la date de départ et la date d’arrivée, et de comparer avec les dates de départs et d’arrivées des ballons montés car ils ont tous été répertoriés.
Quelle valeur pour les lettres via ballons montés?
Il s’agit de véritables collections spécifiques en philatélie, dont nous pouvons parler grâce à de très nombreux courriers retrouvés et aux renseignements très précis que nous récoltons sur chacun des ballons montés. En effet, chaque ballon monté était répertorié avec son nom, sa date de départ et d’arrivée, le volume du ballon, et le poids des plis postaux.
La valeur de ces lettres transportées par ballon montés va dépendre de plusieurs facteurs. Bien souvent, ces objets peuvent atteindre des prix très élevés lors de ventes aux enchères Drouot ou autre.
Il faudra prendre en compte de nombreux éléments pour en déterminer une estimation précise, comme par exemple le ballon monté par lequel il a été transporté, les oblitérations de départ, les timbres apposés à l’arrivée, la destination, les types d’objets postaux (journaux, lettres…), l’affranchissement mais aussi s'il s’agit de plis accidentés ou capturés.
Différents type de plis pouvaient être transportés par ballons montés, qui aujourd’hui nous laissent découvrir divers types d’affranchissements ou d’oblitérations. Les plus courants se retrouvent sur les lettres ordinaires déposées dans des boites aux lettres comme par exemple les bureaux de quartier avec une oblitération étoile chiffrée + timbre à date type 17, les bureaux de banlieue avec une oblitération losange gros chiffres + timbre à date type 17, ou encore le bureau central avec une oblitération étoile muette + timbre à date « Paris 60 ».
Aussi, des plis étaient directement confiés aux aéronautes sans oblitérations où ils appliquaient parfois leurs propres timbres. Ces plis restent très rares avec une cotation assez élevée.
Aujourd’hui, certains plis postaux envoyés via ballons montés valent plusieurs milliers d’euros par leur rareté, par le caractère accidentel de leur transport, par leur affranchissement et les oblitérations peu courantes apposées sur ces lettres. Ce processus constitue donc un riche patrimoine intégré à l’histoire de l’aéropostale.
En cette période troublée de l'histoire française que fut le siège de Paris en 1870, la poste aérienne a connu des débuts périlleux à travers la correspondance par ballons montés mais qui aujourd’hui forment une des richesse de notre patrimoine postal suscitant l'intérêt des philatélistes et collectionneurs de lettres anciennes.
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